Categories:

[vc_row][vc_column][vc_column_text]

 

 

  • Monsieur le Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi,
  • Monsieur le doyen de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (FLLAC),
  • Monsieur le Directeur Scientifique du Laboratoire du Groupe de Recherche sur l’Afrique et la Diaspora (GRAD),
  • Monsieur le Directeur Scientifique du Laboratoire ABLODE,
  • Monsieur le Directeur Scientifique du Laboratoire Interdisciplinaire d’Etude Sociales, de Philosophie, d’Education et d’Ethique (LIESPEE),
  • Honorables invités, en vos grades et qualités,
  • Mesdames et Messieurs,

Après la première édition le 07 novembre 2017, nous voici, encore réunis pour célébrer l’une des personnalités qui a marqué notre époque par sa pensée et ses actions. En ce moment solennel, je voudrais souhaiter, à toutes et à tous la bienvenue dans ce majestueux Amphi de l’Université d’Abomey-Calavi.

Mesdames et Messieurs,

La cérémonie d’hommage de ce jour est une idée originale du Laboratoire d’Etudes Africaines et de Recherche sur le Fa (LAREFA) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC, Bénin). Elle entre dans le cadre des célébrations des personnalités du monde scientifique et culturel de tous bords positifs. L’objectif fondamental qui gouverne cette initiative est de faire ralentir les reconnaissances exclusivement posthumes. Car, notre credo au sein du LAREFA c’est de célébrer les personnalités du patrimoine scientifique et culturel vivants. Sur cette base, après le Professeur Guy Ossito Midiohouan, le choix est porté sur le Professeur Rèmi Nouréïni Tidjani-Serpos que nous célébrons en ce jour.

Mesdames et Messieurs,

Quand je pense à la qualité exceptionnelle de l’intelligence du Professeur Nouréïni Tidjani-Serpos, c’est le mot «génie», c’est-à-dire « Azě » ou encore « Azìzà » qui me vient tout de suite à l’esprit. Mais ce qui m’a surtout frappé, c’est que le Professeur ne se contentait pas de bien comprendre une question complexe : il cherchait toujours à l’analyser d’un point de vue original pour en faire ressortir des aspects jusqu’alors ignorés et, souvent, y proposer des solutions inattendues.

Alors que nous étions ses étudiants, il n’était pas un lieu, pas une discussion, pas une circonstance, que sa présence n’illuminât. Il semblait être fait pour donner aux mélancoliques le goût de vivre et aux pessimistes celui de l’avenir. Il était trop conscient des ruses de l’Histoire pour se navrer des temps présents, et sa conversation, elle-même, était si étincelante qu’elle nous consolait de tout ce que la vie, parfois, peut avoir d’amer. Cette grâce lumineuse, contagieuse, nous a conquis et nous voyions en lui un modèle. Et, il l’est réellement.

Le Professeur Rèmi Nouréïni Tidjani-Serpos n’avait pas peur du risque. Il était prêt à sacrifier une carrière assurée de grand professeur pour sa conviction politique.

Mesdames et Messieurs,

Quoi dire pour rendre hommage à un homme hors du commun que j’ai eu le grand privilège d’avoir comme enseignant, maître de mémoire, membre de jury de thèse de doctorat et avec qui j’ai eu la chance de travailler étroitement pendant plusieurs années pour la science et la culture ? Faire la longue liste de ses importantes réalisations ; souligner la rigueur et la richesse de ses principes ; insister sur sa grande courtoisie et sur son respect absolu des personnes ; mettre en évidence ses talents de diplomate, d’artiste, d’écrivain, surtout de poète, de romancier et d’homme de Culture. Tout cela a été fait, avec éloquence et justesse, dans les nombreux témoignages que nous vous ferons l’honneur d’écouter et de lire au cours de cette cérémonie.

Ainsi, pour immortaliser ces moments festifs, deux livres sont proposés au profit de l’illustre professeur.

Le premier porte son nom, et s’ouvre sur un entretien où le Professeur Nouréini Tidjani-Serpos accepte de se dévoiler un peu, car si on connaît bien l’enseignant, le diplomate, l’écrivain, l’artiste, l’homme de culture, on connaît moins certains épisodes de sa vie bouleversée par l’exil, la perte des êtres chers, les défis de la monoparentalité, les sacrifices et combats pour la vie. Il se dégage de l’entretien le portrait d’un homme d’une carrure exceptionnelle tant sur les plans politique, artistique, scientifique qu’humain. C’estv pourquoi il est intitulé Le Testateur stellaire. Cette image du Professeur est renforcée par la série de témoignages produits par des collègues, des amis, des étudiants et la famille qui suit l’entretien. Une série de témoignages, tous laudatifs, qui vient confirmer la grande renommée de l’homme dans notre pays sur plusieurs générations et sans doute encore pour des générations futures. Car, l’homme est infatigable dans son sacerdoce pour la connaissance et la promotion du patrimoine culturel et scientifique africain. En témoignent sa détermination et son engagement actuels dans le projet de rétrocession d’œuvres spoliées pendant la colonisation, la promotion d’une Radio culturelle, d’un impressionnant Musée, le Musée Abdou Tidjani Serpos du nom de son père, un Centre culturel…

Mais Nouréini Tidjani-Serpos est viscéralement un poète ; chez nous, un maître de la parole, forgeron des images, des sons, des rythmes et des sonorités constitutives de notre identité culturelle, de notre humanité, notre universalité. C’est pourquoi le second ouvrage qui lui est dédié, porte fondamentalement sur sa passion d’esthète : Nouréini Tidjani-Serpos : l’agitateur d’étoiles.

Dans cette œuvre, trois des voix les plus importantes de la poésie béninoise d’aujourd’hui, lui offrent, dans un spicilège intitulé L’agitateur d’étoiles : Poèmes à Nouréini, leurs versets les plus lumineux puisés aux sources véritables de la tradition ; autrement dit, de la parole dans ce qu’elle enveloppe de plus sacré. Chacun de ces trois poètes, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Mesmin Glèlè et Mahougnon Kakpo, adresse à l’Aîné, à sa manière, dans son style et ses convictions, ce sacre de l’éternité.

Mesdames et Messieurs,

Le Professeur Rèmi Nouréïni Tidjani-Serpos est un grand homme. C’est pourquoi, hormis les deux livres ci-dessus évoqués, le Comité de gestion du PRIX LAREFA DE LA GRATITUDE 2021 l’a élu pour bénéficier du Prix dont il est désormais lauréat. A travers ce Prix, le LAREFA vous prie, Professeur, de trouver le symbole de son immense gratitude d’aujourd’hui et celui du souvenir, comme cela a été le cas en 2017 du Professeur Guy Ossito Midiohouan, premier récipiendaire du PRIX LAREFA DE LA GRATITUDE, et dont l’hommage a été célébré le 07 novembre 2017.

Mesdames et Messieurs,

Je ne saurais terminer mon propos sans adresser mes remerciements à tous les membres du Comité d’organisation de cette cérémonie.

Mes remerciements vont également à l’endroit de ces illustres Professeurs d’ici et d’ailleurs qui se sont déplacés en dépit de leurs charges administratives, pour assister à ces moments festifs. Je veux nommer les Professeurs Paulin Koléa Zigui de l’Université Alassane Outtara de Bouaké en Côte d’Ivoire, Salaka Sanou de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou au Burkina Fasso, Saré Maré Honorine de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou au Burkina Fasso, Comlan Fantognon de l’Université Grenoble Alpes en France, tous membres associés du LAREFA.

Je n’oublie pas les membres de la famille du Professeur Rèmi Nouréïni Tidjani-Serpos, tous ses collègues et amis qui ont rendu cette cérémonie d’hommage possible par leur présence effective.

Enfin, Professeur Nouréini Tidjani-Serpos, recevez ici, en guise de reconnaissance éternelle, ma libation sacrée :

« … voici

le panégyrique du lac

le lac Hɛn

baptisé l’Ahémé

depuis qu’un concert d’inintelligibles ramages

a enveloppé sa senteur sauvage

… voici

le panégyrique de l’Ahémé

que chante une amante

son amante d’éternité

Bopa aux mille merveilles

… toi

mon lac secret

étoile de mes profondeurs

île inachevée

viens écouter ton hymne d’éternité

le cantique de nos incertitudes

que murmure ton amante d’éternité

celle définitivement assise au mitan de ta destinée

… toi

étoile de mes profondeurs

île inachevée

toi qui m’as volé ma parure

d’éternelle romantique

si tu sais toujours cueillir le baiser

de l’amante sauvage

alors viens

viens donc embrasser

mes pieds au bord de tes rives

… toi

étoile de mes profondeurs

île barbare

toi que j’ai portée dans mes rêves d’éternité

toi qui as volé ma parure candide

aux confins des premières heures des saisons alluvionnaires

toi qui as séquestré ma jouvence au fond de tes rêves

je t’offre à nouveau mon parfum d’innocence

… toi

étoile de mes profondeurs

île frustre

île portée par le vent d’est

si l’éternité était mienne

tu verrais

tu verrais mon lac secret

les vagues de l’est se prosterner sur tes rives

les lotus acclamant ta bravoure te conduire au combat

… mais

étoile de mes profondeurs

l’éternité n’est pas mienne

et je prie

je prie les dieux tutélaires

pour qu’ils t’enveloppent de leurs senteurs goyave

étendent l’étendard de leurs échos sur tes destinées

afin que toi

toi lac rebelle

tu dessines les contours de mon amertume rédhibitoire

… souviens-toi

étoile de mes profondeurs

souviens-toi

que je n’oublie jamais rien

souviens-tu encore de ce jour

ce jour aux couleurs géographiques

un jour sans soleil ni vents troubles

ce jour fatalement sympathique

où tu vins à mon cœur sans frapper

en resquillant le silence des lieux

… souviens-tu encore

étoile de mes profondeurs

du prétexte de l’écosystème que tu m’avais porté

me croyais-tu peut-être déjà désaxée

mais tu avais les contours d’un naïf bouvier

les dents si fraîches qu’on les croirait de laie

… puis il y avait le regard

ton regard d’un archaïque gris-gris

ton regard despote qui happa brutalement

quelque chose en moi

que tu confias aussitôt à tes vagues sauvages

… et moi

ivre pirogue

comme dans un fondu-enchaîné

je me vis me noyer en toi

dans un indicible ravissement

dans le silence d’une osmose fatalement éternelle

… écoute-moi donc

étoile de mes profondeurs

à présent que je suis incarnée en toi

tu es aujourd’hui pour moi

ce que le lotus est pour l’étang

le pouce pour la main

le nœud que nul ne pourra défaire

car nous sommes parents d’âme

 

Vive la célébration des personnalités du monde scientifique et culturel de tous bords positifs !

Vive le Laboratoire d’Etudes Africaines et de Recherche sur le Fa (LAREFA) !

Je vous remercie !

 

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

Tags:

Comments are closed